Associée à jamais aux courbes quasi sensuelles de son dérailleur Jubilée, Huret voit le jour dans une famille de cyclistes. Entre Constant, Champion de France 1894 de demi-fond puis Champion du Monde en 1900, et entre autre vainqueur du Paris-Bordeaux en 1899 et le frère André, au palmarès moins étoffé mais à la vision entrepreneuriale assurée.
L’aventure Huret démarre en 1920 à Nanterre, dans la banlieue parisienne, avec la création d’une société de mécanique pour pièces de vélos. André Huret devient au passage agent exclusif pour la marque de cycles Alléluia, qui équipe alors l’équipe olympique française et un certains nombres de coureurs individuels.
En 1930, une révolution se prépare avec la mise au point du dérailleur arrière, considérée respectivement comme ridicule, dangereuse avant de devenir évidente sur un vélo moderne. En effet, les cyclistes de l’époque continuent de passer leurs vitesses avec des système s alambiqués voire de changer le sens de leur roue arrière pour faire évoluer les ratios en fonction du terrain. Ce n’est qu’une décennie plus tard que le dérailleur arrière s’imposera dans le peloton avant de se démocratiser auprès des cyclistes du quotidien. En attendant, Huret continue de fabriquer les papillons de serrages de roue !
Il faut l’aide de l’étoile montante de l’époque, Louison Bobet, pour que Huret s’inscrive durablement dans les esprits. Le panache de Bobet dans les étapes, devenues mythiques, du Tour de France fera entrer la marque dans une autre dimension.
Le développement de la société est alors fulgurant. En plein dans les 30 glorieuses, qui voit l’essor de la bicyclette, les commandes affluent de France et d’Europe. André Huret fait entrer ses deux fils (Roger et Jacques) dans la société pour accompagner cette croissance et enrichir la gamme.
Le dérailleur Allvit, premier dérailleur à parallélogramme déformable de Huret, sort en 1958. Il sera suivi peu après par le Svelto.
Dans les années soixante, Huret ouvre deux usines dans la Somme à Chepy, afin de répondre à une demande toujours plus importante. Les nouveaux modèles sortent dans les années 70 avec un succès toujours plus grand : Challenger, Success, Duopar et évidemment Jubilée.
Huret est alors à son apogée et devient le premier producteur de dérailleurs en Europe. On évoque le chiffre astronomique de 6 millions de dérailleurs produits par an !
Mais comme bon nombre de marques françaises mais également européennes, Huret subit l’émergence de la concurrence asiatique. Les SunTour et Shimano font des dégâts dans le peloton et, comme bon nombre de marques françaises de l’époque, Huret peine à s’adapter à cette nouvelle concurrence qui compresse les prix au maximum.
Dans les années 80, la marque se fait absorber par l’allemand Sachs et rejoint le contingent des marques françaises passées sous pavillon allemand (Maillard, Sedis, CLB). Elle poursuivra sa route encore quelques années sous l’appellation Sachs-Huret avant de disparaître totalement dans Sachs. L’américain SRAM mettre un terme définitif à l’aventure Huret en rachetant à son tour Sachs en 1997.
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